L’EESAB – site de Rennes et la Galerie Vanessa Quang présentent

TEMPS LIBRE
GROUP SHOW

Une proposition de Reynald Drouhin

DU 6 AU 26 AVRIL 2018

Vernissage le vendredi 6 avril de 18 h à 21 h en présence des artistes.

« Temps libre et libéré des urgences du monde qui rend possible un rapport libre et libéré à ces urgences, et au monde » Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, 1997

L’exposition « Temps libre » présente le travail d’artistes rencontrés par Reynald Drouhin, artiste et enseignant à l’école, lors de leur cursus à l’EESAB – site de Rennes.

Si la notion de temps libre évoque avant tout un temps récréatif et libéré de contraintes, qu’en est-il de la perception de cette oisiveté supposée lorsque celle-ci n’est autre qu’un préalable essentiel à la pensée libre ? Bourdieu nomme skholè ce temps libre et le quali e de condition déterminante à la « pensée “pure” ».

Annabel Aoun Blanco, Alexandre Barré, Brieg Huon, Paloma Moin, Aline Morvan, Delphine Renault, Alisson Schmitt, Thomas Tudoux

http://dataflow.reynalddrouhin.net

Invitation pdf

Texte de l’exposition pdf

Galerie Vanessa Quang
7 rue des filles du calvaire, 75003 Paris, France
www.gvqgallery.com
Du mardi au samedi de 12h à 18h

École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne – site de Rennes
www.eesab.fr/rennes
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Pour la troisième année consécutive et sur une proposition de Reynald Drouhin, 
la Galerie Vanessa Quang accueille l’EESAB – site de Rennes. 

Cette année, les artistes présentés sont tous d’anciens étudiants de l’école.

L’exposition « Temps libre » présente le travail d’artistes rencontrés par Reynald Drouhin, artiste et enseignant à l’école, lors de leur cursus à l’EESAB – Rennes (1).

Si la notion de temps libre évoque en première lecture un temps récréatif et libéré de contraintes, qu’en est-il de la perception de cette oisiveté (2) supposée lorsque celle-ci n’est autre qu’un préalable essentiel à la pensée libre (et créative) ? Ce temps libre, que Bourdieu nomme skholè (3) et qualifie de condition déterminante à la « pensée “pure” » serait alors la disposition particulière dans laquelle l’artiste s’installe pour produire une œuvre, dans laquelle sapensée s’incarne plastiquement. Ce temps « studieux » s’oppose alors au temps libéré des loisirs, du divertissement, propice à une attitude désinvolte.

La pointe d’ironie et de légèreté induite par ce titre paradoxal se retrouve dans certaines des œuvres exposées telles que Welcome to Nine Dragons Hill Resorts d’Alisson Schmitt, entre-temps improvisé dans un lieu de transit vers une consommation de loisirs, ou Lapsteel de Brieg Huon, invitant à une détente musicale.

Observer les œuvres sous le prisme du temps libre, c’est aussi réfléchir aux conditions que de jeunes artistes peuvent mettre en place pour travailler : le temps libre de l’artiste est-il organisé pour en faire profiter sa création ou bien la création n’est-elle possible que pendant le temps libre de l’artiste, que celui-ci extrait parfois difficilement d’un temps de travail (alimentaire ou autre) ? Les rameurs de Brieg Huon posent la question de l’après-école et résument globalement ce qui attend l’artiste dans la vie active…

L’expérimentation de l’œuvre-performance Confessions Under Request de Paloma Moin dépend du temps que l’artiste y consacrera. En son absence, le texte, improvisé dans l’instant en fonction de ce qu’il se passe dans la galerie, demeure suspendu, dans l’attente d’une suite.

L’œuvre E deux cent et quelques d’Alexandre Barré joue sur un temps de « vie-sibilité » limité, son temps d’exposition dépendant de l’humidité de l’éponge. Cette représentation de masque cachant la fatigue entre en résonance avec plusieurs œuvres de Thomas Tudoux (Graals, Citius–Altius–Fortius,…), où performance, compétitivité et dépassement de soi, évoqués souvent avec humour, occupent l’espace.

Delphine Renault présente Retable, installation présentant elle-même l’œuvre Icône, sérigraphie issue d’une pratique sérielle. Jouant avec l’espace de la galerie et ses éléments cachés pour en donner une nouvelle lecture selon l’angle de vue, cette multiple mise en abîme (de l’espace, des œuvres) semble poursuivre un temps d’exposition passé.

Les matrices colorées de linogravures Pollen, Blue Nile d’Aline Morvan, représentant des cartes sans lieu, gravées en tracé automatique, présentent un travail sur le matériau nous portant vers un imaginaire familier.

Enfin, libre de prendre son temps dans une déambulation contemplative, le spectateur est plongé dans un temps desouvenance ou de projection mortuaire par les photographies, empreintes énigmatiques de visages quasi- monochromes, d’Annabel Aoun Blanco (Le Cri, Desvoilés, …)

 

1 – Cette exposition intervient dans le cadre du suivi professionnel, profitant d’un temps libéré de la Galerie Vanessa Quang.

2 – L’oisiveté désigne l’état d’une personne qui n’a pas d’activité laborieuse. Selon les époques, selon le contexte, la notion d’oisiveté est associée soit à une valeur, celle de l’otium antique, cultivée par l’aristocratie, soit à la paresse, à l’inutilité, dans une société sacralisant le travail. Elle est revalorisée par les sociologues et les philosophes modernes et contemporains comme instrument de lutte contre la productivité déshumanisante. (définition Wikipédia)

3 – Skholè veut dire « temps libre », « loisir », en grec (σχολή), mais c’est aussi la racine du mot « école », en latin schola. La notion d’enseignement ou leçon, aussi bien que celle que fait référence à l’institution scolaire, ont comme origine l’idée de temps libre, de diversion, de repos propres au travail intellectuel. D’après Bourdieu, la skholè est condition de l’existence de tous les champs savants. Elle est « la plus déterminante de toutes les conditions sociales de possibilité de la pensée « pure », et aussi la disposition scolastiquequi incline à mettre en suspens les exigences de la situation, les contraintes de la nécessité économique et sociale, et les urgences qu’elle impose ou les fins qu’elle propose » (Wikipedia – Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997, p.10)



  1. Confessions Under Request, Paloma Moin. Écriture performée, 2018, le 6 de 18h à 19h30, 14 et 21 avril de 16h à 18h).
  2. Disque votif, Thomas Tudoux. Polyuréthane usiné, 60 × 60 × 20 cm, 2013.
  3. Citius–Altius–Fortius, Thomas Tudoux. Bâche plastique, 230 × 130 cm, 2013.
  4. Le Cri, Annabel Aoun Blanco. 3 tirages Fine Art contrecollés sur dibond, encadrement chêne, 55 × 45 cm, 2016.
  5. Desvoilés, Annabel Aoun Blanco. Tirage Fine Art contrecollé sur dibond, caisse US en chêne, 60 × 40 cm, 2016.
  6. Le Mandylion, Annabel Aoun Blanco. Tirage Fine Art contrecollé sur dibond, caisse US en chêne, 60 × 50 cm, 2015.
  7. Algumènes, Annabel Aoun Blanco. 4 tirages Fine Art contrecollés sur dibond, sous diasec, 40 × 40 cm, 2014.
  8. Graals, Thomas Tudoux. Cire, formats variables, 2017.
  9. E deux cent et quelques, Alexandre Barré. Éponge, colorants alimentaires, eau, Ø 30 cm, épaisseur 5 cm,
 durée variable, (sans date).
  10. Les complexes de Décubitus (études), Thomas Tudoux. Dessin sur papier, 84 × 60 cm, 2014.
  11. Pollen, Blue Nile, Aline Morvan. 6 linogravures 60 × 40 cm. 2017.
  12. Welcome to Nine Dragons Hill Resort, Alisson Schmit. Vidéo, 2’34’’, 2017.
  13. Les rameurs, Brieg Huon. Installation de 154 papiers collés, 240 × 370 cm, 2018. Production 40mcube,
 EESAB, Self-signal.

14. Lapsteel, Brieg Huon. Table 90 × 55 × 45 cm (bois contreplaqué), gravure laser, corde et électronique de guitare, 
amplificateur, tabouret, tapis bleu (production 40mcube, EESAB, Self-signal), dimensions variables, 2017.

15. Livres, Brieg Huon. Édition photocopie noir et blanc, 600 pages, 2015 + étagère (production 40mcube,
 EESAB, Self-signal), bois, 2018.

16. Retable, Delphine Renault. Installation in situ, dimensions variables, 2018.

17. Icône, Delphine Renault. Sérigraphie, 50 × 70 cm, 2017.