Monochrome(s)

Monochrome(s) est un instantané du web, une capture d’un processus sous forme de photographie mais aussi un projet Internet génératif, par l’intermédiaire du moteur de recherche Google, une base de donnée d’image est constituée, ces images sont censées se rapprocher le plus possible du monochrome (aplat de couleur). Mais ceci n’est qu’une tentative et l’échec qui en découle nous laisse découvrir des peintures génératives et aléatoires en mouvement perpétuel.

http://www.reynalddrouhin.net/works/monochromes/

monochromes-noir
Monochrome(s) N., 2006, 2 tirages lambda sur diasec avec chassis aluminium, 84,67 x 84,67 cm.

monochromes-blanc
Monochrome(s) B., 2006, 2 tirages lambda sur diasec avec chassis aluminium, 84,67 x 84,67 cm.

monochromes-rouge
Monochrome(s) R., 2006, 2 tirages lambda sur diasec avec chassis aluminium, 84,67 x 84,67 cm.

monochromes-vert
Monochrome(s) V., 2006, 2 tirages lambda sur diasec avec chassis aluminium, 84,67 x 84,67 cm.

monochromes-bleu
Monochrome(s) B., 2006, 2 tirages lambda sur diasec avec chassis aluminium, 84,67 x 84,67 cm.

monochromes-n-n

monochrome-rvb-install3
Monochrome(s) R V B, 2005, installation multimédia générative, sans son.


Vues de l’exposition Sans titre

Captures des versions génératives

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3 Comments

  1. http://www.liberation.fr/culture/2015/08/04/les-algorithmes-sont-ils-des-artistes-comme-les-autres_1358592

    Les algorithmes sont-ils des artistes comme les autres ?
    JULIEN JÉGO 4 AOÛT 2015 À 16:22

    ANALYSE Moins angoissants que les robots tueurs, les intelligences artificielles peuvent aussi faire de l’art. Même si cela reste balbutiant.

    Theodore est allongé sur la plage, les yeux clos. Un écouteur vissé à son oreille diffuse une ballade jouée au piano. Une femme prend alors la parole :«J’essaye de composer une mélodie sur ce que je ressens d’être sur cette plage avec toi en ce moment.» Cette voix c’est celle de Samantha, une intelligence artificielle programmée pour vivre avec Theodore. Cette scène ne se déroule pas (encore) sur une plage du Sud de la France mais dans le film Her de Spike Jonze sorti en mars 2014.

    Ici, nous sommes loin des robots tueurs ou des intelligences artificielles capables d’assembler des pièces de voitures en un temps record ou d’aider des personnes âgées dans des maisons de retraite allemandes. Cette intelligence artificielle-là ressent mais surtout compose de la musique, seule. Elle assemble des notes sur un rythme en accord avec une émotion. Sommes-nous toujours dans le domaine de la science-fiction ou les algorithmes seront-ils bientôt des artistes comme les autres ?
    «On en est encore loin.» Julien Gachadoat, co-fondateur du studio 2roqs, enseignant à l’Université Bordeaux Montaigne et pilier de la scène française de Processing – un environnement de programmation dédié à la création graphique et artistique – préfère tout de suite tempérer ce constat : «Les progrès vont vite mais l’ordinateur n’est pour l’instant qu’une machine qui exécute l’instruction d’un humain. La question de la conscience est encore primordiale.»
    Cette vision est aujourd’hui partagée par l’ensemble de la communauté des artistes numériques et résumée par Anne-Cécile Worms, fondatrice de Art2M et du magazine MCD (Musiques et cultures digitales) : «L’artiste qui crée l’algorithme est toujours en mesure de le modifier donc il n’y aura pas d’art sans artiste. La communication intermachines est intéressante si on conserve un esprit critique, une volonté de détournement. Le code est un art.»
    ETONNANTES, BRILLANTES MAIS PEU ORIGINALES
    Mais ces artistes sont aujourd’hui pris dans le tourbillon des évolutions de l’intelligence artificielle. Et le chef de file de ces recherches n’est autre que celui qui veut nous déplacer dans des voitures sans chauffeur et être capable de nous reconnaître sur les millions de photos déversées chaque jour sur le Web : Google.
    Début juillet, des milliers d’images étranges qui feraient pâlir un Salvador Dalí en panne d’inspiration circulent sur les réseaux sociaux. Résultat de récents travaux du géant américain dans le domaine du deep learning sur la reconnaissance automatique d’images, on a rapidement qualifié ces images produites par les internautes de «rêves de la machine», ou deep dreams.
    Parfois étonnantes, souvent étranges, elles ne brillent pas par leur originalité, empilant bien souvent des têtes d’animaux fantasmagoriques sur des photos de famille ou des selfies de vacances. Pourtant les images produites par Google lui-même, plus travaillées, retiennent l’œil. Répétitions aléatoires de formes et d’objets aux couleurs criardes et hallucinées, on croit à s’y méprendre que l’algorithme a pris le pas sur son créateur.

    DES ROBOTS ET DES HOMMES
    Les exemples de ce type ne manquent pas. Ainsi l’IArtist conçu en 2009 par Benjamin Raynal a pu produire des œuvres originales calquées sur les plus grands styles picturaux du XXe siècle. Il suffisait alors de lui injecter une photo à retravailler et des milliers de tableaux d’un style en particulier. Et le tour était joué.
    Reynald Drouhin a, lui, revisité les monochromes de Malevitch avec un algorithme assemblant des centaines d’images issues de recherches provenant de Google. Des «œuvres qui se vendent très bien», selon Anne-Cécile Worms. Faire apprendre la machine pour la laisser travailler seule ensuite, c’est exactement l’ambition des chercheurs et ingénieurs qui planchent sur le machine learning.
    Plus ancien encore, le robot Aaron, développé par l’artiste américain Harold Cohen en 1973 peignait suivant les instructions de son créateur. Une subordination qui n’est finalement pas si éloignée que cela des techniques de la Renaissance : «L’algorithme n’est qu’une recette qu’on utilise. Les aides des grands peintres de la Renaissance suivaient déjà à la lettre des indications précises. L’algorithmique dans l’art existait bien avant les ordinateurs», explique Jean-Pierre Hébert, créateur dans le milieu des années 90 du mouvement des Algoristes.
    SOULÈVEMENT DES MACHINES
    Ce qui marque une réelle rupture avec l’art moderne, c’est le caractère reproductible à l’infini d’une œuvre générée par un algorithme. Une idée toutefois mise à mal par le développement de l’art génératif où l’aléatoire est au cœur du processus créatif. L’artiste Antoine Schmitt fait partie de ceux-là : «Quand j’utilise l’aléatoire, il est au centre de mon travail. Le spectateur est en confrontation avec un processus en mouvement. Il faut qu’il questionne ce qui se passe. C’est le processus qui fait œuvre.»

    Pour Julien Gachadoat l’avis est moins tranché : «La création générative revient à imaginer des systèmes à l’intérieur desquels il y a des règles, et ces règles vont amener des comportements imprévisibles, qui vont surprendre leur créateur. C’est là qu’on peut dire que l’algorithme échappe à son créateur. Mais au départ, le code a tout de même germé dans l’esprit d’une personne physique.»
    Alors que manque-t-il aux algorithmes pour se soustraire définitivement à leur créateur ? Julien Gachadoat esquisse un début de réponse : «On arrivera sans doute à des machines qui peuvent apprendre à programmer, ce qui deviendra intéressant. L’apprentissage d’un langage de programmation pourrait leur permettre de créer un algorithme en lui injectant des critères esthétiques.» Finalement le soulèvement des machines ressemblera peut-être plus à une édition de la Fiac qu’à un champ de bataille peuplé de drones et de chiens mécaniques.

  2. http://nt2.uqam.ca/fr/repertoire/monochromess

    AUTEUR·E·S: MUNDVILLER, MATHIEU

    Monochrome(s) de Reynald Drouhin est une exploration sur la recherche d’images sur le Web suivant l’approche des photomosaïques, en vogue depuis plusieurs années. Cependant, au lieu de représenter une image concrète, Drouhin a plutôt choisi de s’approcher le plus possible d’une couleur en aplat (il y a cinq couleurs disponibles: rouge, vert, bleu, noir et blanc). Pour ce faire, plutôt que d’avoir présélectionné des images, il a choisi d’utiliser les résultats de recherche qu’offrent le Web pour créer ses mosaïques. En effet, elles sont constituées d’images trouvées sur Google Images, et sont constamment mise à jour. Ce ne sont donc pas des images statiques, mais bien des mosaïques génératives en mouvement.

  3. https://annakelsat.com/2016/11/08/monochromes-de-reynald-drouhin/

    LES MONOCHROMES DE REYNALD DROUHIN
    8 novembre 2016 BY ANNAKELSAT

    Le jour où Anna K. découvrit qu’un bleu n’était pas un bleu

    Par un beau vendredi matin de novembre (laissez-moi romancer un peu), Anna K., 11 ans, s’est aperçue que le bleu n’était pas bleu. L’intitulé de l’exercice du cours d’arts plastiques qui a permis ce moment d’épiphanie ? « Composez un collage à partir de différents matériaux d’une même couleur et reproduisez ce collage à la peinture ». Les bleus se teintaient ainsi d’anthracite, de parme, de turquoise, de bordeaux : bleu turquoise, électrique, lavande, bleu Majorelle, outremer… Chaque nuance était du bleu… et n’en était pas.

    Collage à reproduire d’Anna K. La reproduction du collage

    Monochrome(s), une réécriture de Reynald Drouhin

    10 ans plus tard, Anna K. découvre, émerveillée, la série Monochrome(s) de Reynald Drouhin. L’artiste explique ainsi son processus de création :

    « Je cherche des images bleues sur Google et j’arrête le processus à un moment donné. Sur 400 000 images, j’en ai gardé 10 000. J’ai fait ce travail en 2005. Si je le refaisais aujourd’hui, je n’obtiendrais pas du tout le même bleu, la même dominante. Il serait sans doute beaucoup plus « bleu». »

    Extrait de l’interview Magnetic Room : http://www.dailymotion.com/video/x7sk64_reynald-drouhin-artiste-interview-m_creation
    Reynald Drouhin compose une mosaïque unique à partir de « tesselles » préexistantes. En exploitant les potentialités des outils numériques, il réinterprète un thème plastique qui a beaucoup inspiré les artistes du XXème siècle : le monochrome. Chaque « tesselle », chaque « bleu » se dissout au sein d’un ensemble qui n’est plus monochromatique. Suivant le principe du hashtag, ces images se rattachent à une thématique commune : il y a donc unité dans la diversité.

    L’œuvre est un flux de peintures génératives et aléatoires, les impressions sont donc des saisies d’un instant T. Elles capturent l’éphémère.

    « Ces monochromes ont une existence internet mais ils se matérialisent dans le réel : le projet ne peut exister qu’en tant que photographie et non pas sur le réseau : on ne peut pas voir 10 000 images sur un écran […] Voir 10 000 images en même temps, il n’y a que la photographie qui permet de faire ça. C’est intéressant ces passerelles : faire sortir le réseau pour le matérialiser plastiquement »

    Extrait de l’interview Magnetic Room : http://www.dailymotion.com/video/x7sk64_reynald-drouhin-artiste-interview-m_creation
    Monochrome(s) V., 2006 Monochrome(s) R., 2006 Monochrome(s) N., 2006,
    Un éventail de possibilités : petite sélection de monochromes

    « Certains monochromes aspirent à la beauté, les autres au sublime, d’autres encore relèvent du spiritualisme, du matérialisme, de l’ironie ou du désespoir. Il en est de toutes les couleurs, et encore des blanches, des noires. On en rencontre des petits et des grands, des lisses et des fripés, des rugueux, des chaotiques, des brillants, des mats et des satinés. Ils peuvent être peints à l’huile, à l’acrylique, à la détrempe, avec un pinceau, une brosse, un rouleau ou un pistolet. Bref, il en est de toutes sortes, et le genre, si étroit qu’il paraisse a priori, n’en offre pas moins d’inépuisables possibilités d’invention aux artistes imaginatifs qui mettent ainsi à l’épreuve la sagacité des commentateurs. »

    Denys RIOUT, « MONOCHROME, peinture », Encyclopædia Universalis