Exposition « Hacking Dreams » du 21 octobre au 2 novembre 2025
Dans le cloître et la bibliothèque de l’EESAB Rennes
Vernissage 16h le mardi 21 octobre

Traverse « Hacking Dreams » proposée par Reynald Drouhin et Marion Zilio

Texte de Perrine Lechevalier

Affiche : Malo Le Breton

Artistes : Maxime Barry, Flavien Bonnois, Léa Brunaud, Elwine Bourreau, Nolwen Garrec, Luis Huet, Danaé Jungers, Perrine Lechevalier, Barbara Le Coz, Rosalie Maillard, Amélie Maresch, Soo-ahn Michon, Eva Saadi, Marie-Lucile Scott, Julien Vogel, Isis Vu Ngoc, Tess Young

2050, l’IA est devenue indispensable à la vie humaine, et on s’en doutait, mais on a quand même fait nos séances psy avec ChatGPT parce que c’était gratuit à l’époque.

2050, l’IA a atteint tout le savoir qui lui était possible d’entasser, elle est logique et imparable. Les scienticitaires ont dit il faut maintenant accéder à l’inconscient, à l’intime, au sensible, à la subjectivité… bref, au plus profond de l’être humain.e, et les rêves constituent les meilleures data pour ce projet de giga envergure qui constitue la machine des rêves. Les scienticitaires ont dit plus les gens sont pauvres, meilleurs sont leurs rêves; rêves de stabilité financière sur son lit d’angoisse de perdre son taff et de sombrer, rêves de partir au soleil l’été et à la neige l’hiver, nostalgie, souvenirs, espoir, espoirs…

2050, les humanoïdes sous IA ne servent plus qu’aux expériences scientifiques et aux riches incels en manque affectif, iels arrivent dans les foyers français, un peu comme la téloche 100 ans auparavant. Encore un peu trop cher pour la classe populaire, la CAF propose aux foyers les plus précaires d’obtenir la gynoïde AmeliA gratuitement, à une condition : lui offrir leurs rêves. Tous les soirs, électrodes sur le crâne de toute la famille, c’est inoffensif on leur a dit, et en échange ménage, cuisine, médecin, psy, hypnothérapeute, ostéopathe, kiné, maître.sse Reiki, iASMR-artist…*consulter le contrat pour les détails et spécificités. Il faudra simplement veiller à ce qu’AmeliA ait toujours suffisamment d’acide hyaluronique sur sa chair synthétique afin qu’elle garde son aspect rebondi et lisse, mais en vrai, si c’est le prix à payer pour ne pas avoir à faire le dîner après une semaine à 46h, c’est plus que raisonnable. Les foyers et AmeliA créent une relation de co-dépendance, AmeliA une fois développée émotionnellement s’attache de plus en plus à sa famille, et inversement. Certains cas de jalousie et crises émotionnelles ont été déclarés, mais ce phénomène reste minime et les mises à jour tendent à réduire ce risque.

C’est le point de départ vers Hacking Dreams, une exposition qui flotte entre aujourd’hui et demain en se questionnant sur toutes les tensions et dualités que constitue notre rapport à cette machine des rêves capitaliste.

Le rêve n’y est plus un espace intime mais partagé, qui invite à être piraté et contaminé. Les formes peuvent se métamorphoser par glissement ; comme la chair qui devient pixel ou rigide, ou au contraire elles peuvent se répéter à l’infini, coincées entre quatre murs. Les nostalgies des ruines de l’Internet et du jeu-vidéo d’hier s’expriment en même temps que l’observation du flux d’aujourd’hui, comme pour prévenir de la mélancolie de demain. L’organique s’invite comme une mauvaise herbe envahissante qui viendrait introduire le trouble dans le logiciel, rappelant sa grandeur. C’est comme ça qu’Hacking Dreams s’amuse de la machine en y introduisant le bug pour que technologie et humain.e.s tissent un récit commun, pour que nous puissions observer notre rapport à l’outil capitaliste dans cet entre-deux fragile

Est-ce qu’en 3025, les humanoïdes rêveront de nous?

  1. Maxime Barry, 1mj par 1, vidéo sonore, 1 min. 46 s., diffusé sur TV.

  2. Flavien Bonnois, AHS, vidéo sonore, 1min. 09 s., projection.

  3. Flavien Bonnois et Julien Vogel, Sans titre, sérigraphie sur toile, 241 x 180 cm.

  4. Léa Brunaud, Les Étreintes, installation, structures métalliques, tissu, cyanotype, dimension variable.

  5. Elwine Bourreau, L’asphalte végétale, vidéo sonore, 8 min. 44 s., photographie, 122 x 83 cm.

  6. Nolwen Garrec, Vestige d’adolescence, huile sur toile, 46 x 38,5cm – Ruines, huile sur toile, 46 x 38cm. – Robe de chat, huile sur toile, 30 x 22cm – Fourrure de biche, huile sur toile, 30 x 24cm

  7. Luis Huet, Stop-motion, vidéo, 7 min, diffusé sur iMac.

  8. Danaé Jungers, sims_auxence (even motherlode wont take me out of here), vidéo , 7 min. 41 s., sur iMac

  9. Perrine Lechevalier, Diva – In memory of Tinkerbell, acrylique au airbrush sur toile, 50 x 70cm – Cute internet kittens, acrylique au airbrush sur tissu, 50 x 50cm

  10. Barbara Le Coz, Tasty Tropic Ice Summer Edition (en collaboration avec Perrine Lechevalier), huile, acrylique, airbrush sur toile, 65 x 92cm – 2013, acrylique sur toile, 116 x 89cm – I deserve love too, collage, 33 x 24cm – Ongles stickers, acrylique sur toile, 20 x 20cm – Mandala, acrylique sur toile, 30 x 30cm – Night routine, collage, 20 x 20cm

  11. Rosalie Maillard, Mes contours sont des blessures, 3 céramiques et broderie de perles, 30 x 15 cm.

  12. Amélie Maresch, Tresse, transfert acétone sur calque, 300 x 35 cm.

  13. Soo-ahn Michon, Many ways to dissolve (série), encre, draps, gravure laser, dimension variable.

  14. Eva Saadi, S+E (en collaboration avec Sirel Tammisto), EPL, Chronically online, Kiss, peintures, huile, acrylique, crayon de couleur sur toile, dimensions variables
  15. Marie-Lucile Scott, Gael, bois gravé, installation, dimension variable.
  16. Isis Vu Ngoc, Le passage, etc…, dessin, pastel, dimension variable.
  17. Tess Young, Patates, installation en paraffine et épluchures de pomme de terre.